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mercredi 18 avril 2012

Grunge : être ou ne pas être une star ?

Mudhoney en 1988, par Charles Peterson
Héritière du hardcore, la jeune scène basée à Seattle au milieu des années 80 cultive l'underground et l'alternatif.

A l’écart des villes habituelles du music-business, la scène locale mûrit un son original, lourd et crasseux, mélange de punk, de metal et d’alternatif. Les mélodies, chantées par des voix puissantes et éraillées, portent des textes mettant en mots déprime, apathie et inquiétudes existentielles.

Car que faire, en ces temps où le hardcore radical et politique montre ses limites après que le rêve hippie s'est brisé sur le mur du réel ? Dans ce monde en bouleversement, où la confrontation Est-Ouest va bientôt virer à l'affrontement Nord-Sud, le constat du grunge, c'est qu'il n'y plus rien à faire... Devant cette impuissance avouée, comment échapper à la haine de soi ?

Affirmant le refus de la starification et de l’égotisme exacerbé dont les musiciens de rock sont friands, le grunge s’inventera un non-look, mélange de punk et de hippie, et s’habillera de fringues bon marché, sans âge et passe-partout.

Le label indépendant Sub Pop sera l’abri des débuts, et dès 1986 publiera les premiers disques : Mudhoney, Soundgarden, Green River … Nirvana y gravera son premier opus, Bleech, en 1989. L’unité du son est assurée par le producteur maison Jack Endino.

Etre ou ne pas être une star ? Rester pur ou foncer vers la gloire ? Le grunge sera l'otage de ses contradictions et Kurt Cobain, sa figure de proue, en paiera le prix fort et y laissera sa vie.

Parmi les acteurs de la première heure, quelques-uns signeront avec des majors dès que l'occasion se présentera. C’est Nirvana avec son Nevermind, sorti sur la major Geffen, qui ouvrira le bal des maudits en 1991, provoquera un raz-de-marée mondial… et s’attirera les foudres des puristes.

Toujours avide de nouveaux produits à vendre, fussent-ils étiquetés grunge, le business de la musique se jettera sur l’aubaine, jusqu’à ce que Kurt Cobain mette fin à son histoire en 1994.

Fallait-il chercher la lumière quitte à s’y brûler ou rester tapi sous les pierres ?
Quoi qu’il en soit, pour le meilleur et pour le pire, le grunge aura propulsé le rock indépendant vers le grand public. On y aura perdu un certain entre-soi et une pureté originelle, mais on y aura gagné un renouveau du rock… et quelques-uns, des millions de dollars.

Bernard Poupon

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