Les routes du rock
Depuis plus d’un demi-siècle, le rock agite la planète sous les décharges électriques de ses guitares énervées. Long live rock !
Musiques afro-américaines
Blues, negro-spiritual, gospel, rhythm'n'blues, soul, funk, rap, hip hop, R'n'B, new soul.... : tous les courants se rassemblent et forment un grand fleuve noir.
La révolution électronique
De Chicago à Detroit, à Manchester, Berlin, Bruxelles, Paris ou Ibiza, l'electro est la dernière musique en date débarquée sur Terre pour faire danser les foules.
Des lieux, des moments, des personnes
Dans le ghetto de Detroit, dans un studio de Memphis, dans un quartier de San Francisco, sur le quai d'une gare dans le Mississippi, des destins individuels - musiciens, gosses des rues, producteurs, ... - s'entrecroisent au gré des rencontres. Que la magie opère, que la sauce prenne, et voilà écrite une nouvelle page musicale. Pourquoi ici et maintenant ?
mardi 19 juin 2012
vendredi 11 mai 2012
Covers / Un morceau, une reprise : Try again
Aaliyah (2000)
En 2000, la chanteuse de R&B Aaliyah décroche la timbale avec Try again, extrait de la bande-son du film Roméo doit mourir. Le morceau, produit par l'immense Timbaland, atteint la 1ère place dans le classement Billboard Hot 100 AVANT sa commercialisation en disque en avril, uniquement grâce à sa diffusion en radios. En France, Try again sera le titre le plus joué sur les ondes au cours de l’année 2000.
Le titre vaudra à Aaliyah deux MTV Video Music Awards, la rendra célèbre hors des USA et l’album Roméo doit mourir deviendra disque de platine, tandis que les récompenses pleuvront sur la chanteuse : nomination aux Grammy Awards, aux American Music Awards, aux Soul Train Music Awards, aux Lady of Soul Awards et aux Billboard Music Awards.
Las ! Après un 3ème album, la chanteuse sera fauchée en pleine gloire, tuée sur le coup lors d’un accident d’avion le 25 août 2001.
Collateral (2012)
En 2012, le trio parisien Collateral se frotte au titre et l'inclut dans son premier opus, un EP sorti chez Desire Records.
jeudi 19 avril 2012
mercredi 18 avril 2012
Grunge : être ou ne pas être une star ?
Mudhoney en 1988, par Charles Peterson |
A l’écart des villes habituelles du music-business, la scène locale mûrit un son original, lourd et crasseux, mélange de punk, de metal et d’alternatif. Les mélodies, chantées par des voix puissantes et éraillées, portent des textes mettant en mots déprime, apathie et inquiétudes existentielles.
Car que faire, en ces temps où le hardcore radical et politique montre ses limites après que le rêve hippie s'est brisé sur le mur du réel ? Dans ce monde en bouleversement, où la confrontation Est-Ouest va bientôt virer à l'affrontement Nord-Sud, le constat du grunge, c'est qu'il n'y plus rien à faire... Devant cette impuissance avouée, comment échapper à la haine de soi ?
Affirmant le refus de la starification et de l’égotisme exacerbé dont les musiciens de rock sont friands, le grunge s’inventera un non-look, mélange de punk et de hippie, et s’habillera de fringues bon marché, sans âge et passe-partout.
Le label indépendant Sub Pop sera l’abri des débuts, et dès 1986 publiera les premiers disques : Mudhoney, Soundgarden, Green River … Nirvana y gravera son premier opus, Bleech, en 1989. L’unité du son est assurée par le producteur maison Jack Endino.
Etre ou ne pas être une star ? Rester pur ou foncer vers la gloire ? Le grunge sera l'otage de ses contradictions et Kurt Cobain, sa figure de proue, en paiera le prix fort et y laissera sa vie.
Parmi les acteurs de la première heure, quelques-uns signeront avec des majors dès que l'occasion se présentera. C’est Nirvana avec son Nevermind, sorti sur la major Geffen, qui ouvrira le bal des maudits en 1991, provoquera un raz-de-marée mondial… et s’attirera les foudres des puristes.
Toujours avide de nouveaux produits à vendre, fussent-ils étiquetés grunge, le business de la musique se jettera sur l’aubaine, jusqu’à ce que Kurt Cobain mette fin à son histoire en 1994.
Fallait-il chercher la lumière quitte à s’y brûler ou rester tapi sous les pierres ?
Quoi qu’il en soit, pour le meilleur et pour le pire, le grunge aura propulsé le rock indépendant vers le grand public. On y aura perdu un certain entre-soi et une pureté originelle, mais on y aura gagné un renouveau du rock… et quelques-uns, des millions de dollars.
Bernard Poupon
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lundi 9 avril 2012
Funky Drummer, 5:22
Il y des années où les fruits sont si mûrs qu'ils tombent de plusieurs arbres en même temps.
Le 20 novembre 1969, James Brown et sa bande enregistrent à Cincinnati le morceau Funky Drummer, qui sortira chez King en single en mars 1970, coupé en 2 parties.
En dépit de son succès (le titre atteindra la 20ème place dans les classements des ventes R&B et se hissera à la 51ème dans le classement Pop), il ne trouvera place sur un album qu'en 1986 sur la compilation In the Jungle Groove (Polydor).
Ecoutez donc ce que Clyde Stubblefield - le batteur funky -, y mijote sur ses fûts à 5:22 et vous comprendrez pourquoi ce break de batterie dispute à l'Amen break le titre de pattern de batterie le plus samplé de l'histoire de la musique.
En savoir plus ici (en anglais).
Bernard Poupon
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Les 6 secondes les plus importantes de l'Histoire (du hip-hop)
mardi 3 avril 2012
Covers / un morceau, une reprise : Umbrella
Hardcore US
La venue des Damned en Californie en 1977, premier groupe punk anglais à débarquer en Amérique, renforcée par la chaotique tournée des Sex Pistols début 1978, aura permis aux Etats-Unis de se réapproprier leur histoire : le punk est de retour sur ses terres d'origine et une ribambelle de groupes va reprendre la balle au bond pour inventer une bouillonnante scène alternative.
On y jouera hardcore, c'est-à-dire vite et fort, et sans concessions.
En ces débuts de l'ère Reagan – qui avant d'être président fut un gouverneur de Californie très à droite - , une radicalisation politique est à l'ordre du jour, pour ces musiciens qui refusent le mode de vie tout tracé de l'ultra-libéralisme et préfèrent dénoncer la mascarade d'un rêve américain qui a tourné au cauchemar. Il s'agit de faire tomber le masque du Disneyland fasciste, maquillé pour séduire, que sont pour eux les USA.
Dans ces conditions, la compromission avec l'industrie musicale traditionnelle n'est pas de mise. Les plus motivés inventent et animent des maisons de disques indépendantes. Alternative Tentacles voit le jour à San Francisco en 1979, tandis que la Californie du Sud tient son label avec SST records.
A Washington, le straight edge s'enracine autour du label Dischord. Le mouvement proclame son refus des drogues, de l'alcool, du tabac et du sexe à tout-va, considérés comme des outils d'aliénation dont s'est armé le capitalisme pour nous asservir... attitude suffisamment rare dans le rock pour être signalée !
Chez Epitaph, fondé en 1987, Bad Religion développera un hardcore plus mélodique et doté d'une production moins brute, qui ouvrira la route à un punk rock bien plus vendeur et nettoyé de ses aspects radicaux et critiques, qui feront les beaux jours des majors avec The Offspring ou Green Day,
Bernard Poupon
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mercredi 28 mars 2012
Covers / un morceau, une reprise : The Letter
The Box Tops |
Le morceau The Letter, écrit par le musicien de country Wayne Carson Thompson, connut le succès suite à son enregistrement en 1967 par The Box Tops, dont le chanteur était Alex Chilton. Il atteint le n°1 du Billboard Hot 100 aux USA et se hissa à la 5ème place des ventes de 45-tours en Angleterre.
La chanson ressurgit dans le Top Ten US en juin 1970 suite au single tiré de l’album live de Joe Cocker Mad Dogs and Englishmen enregistré en mars au Fillmore East, New York.
Cette interprétation fut aussi classée n°7 au Canada, n°27 en Australie et en Hollande, 39ème au Royaume-Uni et 48ème en France.
Le magazine américain Rolling Stone conféra au titre le 363ème rang dans sa liste des 500 plus grandes chansons de tous les temps. En 1979, on dénombrait environ 200 versions enregistrées par différents atrtistes, dont The Beach Boys, Al Green et Peter Tosh.
Bernard Poupon
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mardi 27 mars 2012
Atom Heart Mother : une œuvre collective, un mélange des genres
lundi 26 mars 2012
vendredi 23 mars 2012
Punk-en-France
Mais la mauvaise graine du punk, sur un terrain labouré par les riffs d’un garage à la française (Little Bob Story, Dogs) a germé dans l’hexagone : dès le milieu de la décennie 70, poussent ça et là quelques bons ceps : Metal Urbain, Asphalt Jungle, Gazoline… Le Sud-Ouest accueille à Mont-de-Marsan le 1er festival punk en France en 1976 et récidive en 1977.
Dommage, les pousses vivaces vont rapidement laisser la place à une scène branchée, qui hante les nuits de quelques boîtes parisiennes à la mode. Déjà, le temps des dandys et des poseurs remplace l’innocence des débuts.
C’est sans compter avec les faubourgs et la banlieue. La canaille parigote s’empare des vieilles usines désertées pour cause de crise industrielle, et les squatts des années 80 verront les arnarcho-punks activer une scène alternative bien aiguisée (La Souris Déglinguée, Bérurier Noir, Lucrate Milk, …) . Les plus malins cesseront de singer les Anglais ou les Américains et inventeront un rock made in France original comme jamais, en réhabilitant l’accordéon – longtemps banni par le rock pour cause d’intelligence avec l’ennemi – et en s’abreuvant enfin à la source de leurs (arrière-) grand-mères, de Piaf à Fréhel, qui en matière d’histoires à ras-du-pavé avaient quelque chose à dire et pouvaient nous en conter.
Utilisant l’impact médiatique du vidéo clip alors en pleine inventivité, certains privilégieront des labels alternatifs tout en cherchant à sortir de la confidentialité : Pigalle, Les Garçons Bouchers, les Négresses Vertes.
Certains rejoindront des maisons de disques importantes, et leur réussite éclairera la scène alternative d’un projecteur puissant : Les Rita Mitsouko, Noir Désir en seront les ambassadeurs auprès du grand public. Tous, se méfiant de la starification, chercheront d’autres voies. Didier Wampas, chef de file des Wampas, gardera un travail salarié. La Mano Negra s’embarquera pour des épopées parfois périlleuses : les pirates, ça aime l’aventure !
Bernard Poupon
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dimanche 18 mars 2012
L'Angleterre s'enflamme
Au fur et à mesure de l'avancée de ces recherches, j'en publierai les différentes parties sur ce blog.
vendredi 16 mars 2012
L'Angleterre s'enflamme
Lors de son séjour américain, l'Anglais Malcom McLaren s'était rôdé au management des groupes de rock en s'occupant brièvement de la carrière des New York Dolls en 1974-1975.
Attirer l'attention, jouer sur deux tableaux de la société du spectacle (qu'il fustige ? qu'il adore ?) : pourquoi ne pas créer un groupe de rock qui dynamiterait toutes les convenances et utiliserait la provocation comme une arme de destruction massive ? Voilà qui générerait un beau scandale dont la publicité permettrait à McLaren de vendre ses bizarres créations vestimentaires et de faire beaucoup d'argent avec le rock'n'roll.
C'est ainsi que vont naître les Sex Pistols en 1976, qui en une poignée de titres nihilistes et 2 ans et demi d'existence créeront un chaos qui emportera tout sur son passage... et eux avec. Leur chanteur éructe des textes en forme de brûlot sur une musique simpliste et cataclysmique. Toutes les valeurs y passent, depuis les vieilles ganaches du rock jusqu'à Sa Majesté la Reine. No future !
Le scandale est à la hauteur. Mais la créature échappe à son créateur ,et la réaction si violente que les Sex Pistols disparaîtront bien vite dans le gouffre qu'ils ont ouvert.
Qu'importe le naufrage à venir.
Forts de trois accords de guitare rapidement appris comme tout bagage musical, portés par des fanzines mal imprimés mais d'une violence graphique novatrice initiée par Jamie Reid, des milliers de groupes se sont levés après avoir vu les Sex Pistols. Nés du terreau d'une jeunesse en plein désarroi frappée par la tourmente d'une grave crise économique qui ravage alors l'Angleterre, ces musiciens bruts d'usinage initient d'innombrables micro-structures musicales montées de bric-et-de-broc dans une cuisine. Et puisqu'il le savoir-faire n'est plus nécessaire pour faire, le rock peut de nouveau être une planche de Salut. Tout est perdu, alors tout est possible pourvu que tu l'oses ! Do It Yourself !
Bernard Poupon
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A 14 ans, Jimmy Page joue du skiffle
Après s'être fait les dents sur les accords du skiffle, croisé le fer avec les jeunes loups du British blues, participé à de très nombreuses sessions d'enregistrement studio (au service, en particulier, d'un certain Johnny Hallyday, ou pour Michel Polnareff qu'il appuie sur La Poupée qui fait non), intégré les prestigieux Yardbirds, il fondera Led Zeppelin en 1968 et posera la grammaire du hard rock.
mardi 13 mars 2012
La scène new-yorkaise ou les débuts du punk américain
Au fur et à mesure de l'avancée de ces recherches, j'en publierai les différentes parties sur ce blog.
lundi 12 mars 2012
Le punk avant le punk
A Detroit, ville de l’industrie automobile, les Stooges, affublés de leur charismatique chanteur Iggy Pop au jeu de scène sacrificiel, cisaillent un rock basique et brutal, tandis que le redoutable MC5 s'engage dans une lutte sonico-politique sans merci contre le système alors que les ghettos noirs s’embrasent et que l’armée sillone les rues. Car durant l’été de l’amour chanté par les hippies en 1967, cent villes sont en émeute et les victimes se comptent par dizaines.
Bernard Poupon
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Dream is over
La fin de la décennie, c'est aussi la séparation des Beatles, qui avaient porté l'espoir de toute une génération. Après Brian Jones, Jimi Hendrix, Janis Joplin et Jim Morrison vont bientôt partir pour leur dernier trip et franchir la dernière porte.
Après le rêve, le réveil sera terrible. Une génération désenchantée hurlera son désespoir et sa haine.
Contre le rock, qui s'est maintenant organisé en industrie florissante. Contre les vieilles idoles des groupes installés, comme les Rolling Stones, qui en à peine dix ans, ont accepté de troquer le statut enviable de sales gosses pour celui de gestionnaires : les années punk, c'est aussi le temps on l'on cherche à dégommer les traîtres.
Contre le rock progressif, qui avec ses longs morceaux impossibles décourage les jeunes débutants pour qui le rock est devenu une musique techniquement inaccessible : que vaut un disque enregistré pour des millions de dollars après des mois de répétitions quand on a 17 ans, qu'on ne sait pas jouer et qu'on a juste l'énergie de sa colère ? La jeunesse a perdu son étendard, le rock s'est coupé de la rue, et il va le payer cher.
Bernard Poupon
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La tornade punk
Au début des années 70, les vieux groupes nés des années 60, autrefois racés et teigneux, gèrent leur fond de commerce au sein d’une industrie musicale désormais très organisée et très juteuse. Horreur ! le rock est devenu adulte.
Une poignée de petites frappes va bouleverser la donne et, sans même savoir jouer, régénérer le vieux rock avachi : l’Amérique lancera la bombe, l’Angleterre redoublera les tirs, pour un pilonnage sonore qui sauvera le rock… c’est-à-dire le monde.
C’en est bien fini de l’utopie hippie : sur fond de sordides ruelles new-yorkaises remplies de junkies et de dépravés en tous genres, de banlieues londoniennes ravagées par une crise économique sans précédent depuis la Guerre, les commandos punks retournent les valeurs et érigent la provocation en arme de destruction massive.
Bref dans le temps – comme d’habitude, tout est dit en à peine 5 ans - , le mouvement punk dynamisera toute la suite de l’histoire. Aujourd’hui, le big bang résonne encore : la sirène punk déclenche l’alerte à chaque risque de boursouflure et brûle les mauvaises graisses en décharnant la musique jusqu’à ce qu’il n’en reste que le nerf.
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Et après ? Le punk au-delà du punk
D'autres trouveront des sorties dans l'engagement politique libertaire ou dans un dépassement musical libéré du carcan des formules établies ; souvent, dans un mélange de ces pratiques à des dosages divers.
S'écartant - du moins au début - de tout académisme, Sonic Youth alliera punk, musique contemporaine et free jazz en un grinçant carambolage bruitiste. Mike Patton explorera des territoires méconnus dépeints par ses cordes vocales. Laissant de côté l'attitude outrée désormais convenue et l'encombrant attirail du punk, The Ex en gardera l'esprit d'aventure et enrichira périodiquement sa musique de la confrontation aux autres cultures.
Le rock gothique, dont Siouxsie est l'égérie, mettra en scène sa désespérance existentielle dans une esthétique froide inspirée de l'expressionnisme allemand.
Après le passage du punk, le terrain est fertilisé et l'idée dans les têtes pour des formes alternatives d'organisation commerciale. Le hardcore américain, avec Dead Kennedys, Blag Flag et Minor Threat aux avant-postes, jalonnera la route du rock indépendant, qui trouvera son apothéose et son institutionnalisation en Nirvana, que Kurt Cobain, pris dans l'engrenage, finira par refuser le 5 avril 1994.
Pour le reste, pour les dizaines de milliers d'acteurs anonymes des groupes poussés comme des champignons dans le sillage des Sex Pistols et dont l'histoire n'a pas retenu le nom, l'expérience punk aura marqué leur jeunesse d'une trace indélébile dont il garderont secrètement la certitude qu'un autrement, pour eux, a autrefois été possible : qu'un jour, avant d'avoir renoncé, ils ont été jeunes, refusé l'ennui, déjoué le simulacre et ont osé dire non.
Bernard Poupon
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samedi 10 mars 2012
Les ruines de Detroit
La scène new yorkaise
Quels points communs entre la musique de Patti Smith, des Ramones, de Television, des New York Dolls, de Blondie, de Talking Heads, de Mink DeVille ?
Inspirée des poètes symbolistes français du XIXème siècle et des figures littéraires de la beat generation américaine, portée par l'avant-garde héritée d'Andy Warhol, Patti Smith est bien loin des Ramones qui revendiquent leur inculture et puise leurs drogues favorites au rayon pharmacie ou bricolage des supermarchés. Tandis que les New York Dolls, hétéros pur sucre, s'habillent en filles vulgaires, la belle Debbie Harry, chanteuse de Blondie, excite les hormones des jeunes mâles. Wayne County, vrai(e) transexuel(le), plus tard, s'appellera Jayne.
Quand quelques-uns savent jouer, d'autres parviennent à peine à aligner trois accords de guitare. Mais l'urgence, l'énergie, le refus des convenances, le sens d'une l'époque qu'ils sont en train de forger, la recherche d'un son brut et tranchant au service d'un rock sans chichis réunit ces jeunes loups sur les planches de quelques petits clubs d'un New York mal famé, comme le CBGB.
Là, le contact avec le public est maximum. Le rock revivifié y retrouve ses marques et se régénère. A la recherche d'une pureté originelle trahie par les grands groupes bien a(ssag)is qui parcourent le monde d'hôtels de luxe en suites princières, cette nouvelle génération vide nous parle d"amour et d'ordure, de dépravation et d'illuminations, de séries B et d'Arthur Rimbaud, de poésie salvatrice et de fast-food.
Bernard Poupon
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